<H2 class=chapoArt>« Un message important vous attend. » Si vous rappelez le numéro indiqué, vous voilà délesté de 1,69 € au minimum. Pour entendre... un pied de nez.
Mercredi matin. Le téléphone sonne : « Nous sommes au regret de vous annoncer que nous avons pour vous un message très important. Pour en prendre connaissance, veuillez rappeler le 0 899 65 00 44 (1). » Affolé, vous pensez au pire et vous composez le numéro. Une autre voix vous fait part que cet appel vous sera facturé 1,35 €, plus 0,34 € la minute.</H2>
Suit une déclaration : « Merci de nous avoir rappelé. C'était important de le faire. Vous connaissez la phrase : nul n'est censé ignorer la loi. C'est en utilisant ce type de construction judicieuse que beaucoup de procès sont gagnés. On peut, d'un côté, avoir des gens de bonne foi, et de l'autre, des avocats habiles qui savent très bien que des personnes honnêtes comme vous peuvent très bien se faire avoir. Si vous voulez écouter nos mentions légales, faites le 1. Sinon, écoutez ce qui suit. » Et ça recommence.
Surtout ne pas rappeler
Outre le pied de nez, vous voilà délesté de 1,69 € au minimum. Sans compter le préjudice moral. Certaines personnes, qui craignent déjà pour la santé d'un proche, peuvent être gravement affectées par un tel message. Le phénomène semble important dans le Finistère. Jeudi matin, une émission de Catherine Kérével, sur France Bleu Breizh Izel, consacrée aux droits des consommateurs lors de ventes par démarchage téléphonique ou à domicile, a été littéralement détournée de son objet par des témoignages de personnes ayant reçu le même message. Au point que l'expert qui y prêtait son concours, Patrick Le Goff, de la CLCV (consommation, logement, cadre de vie), a réagi aussitôt en conseillant aux victimes de déposer plainte.
Le groupement de gendarmerie du Finistère, aussi, fait état d'« au moins vingt appels de victimes de ce qui pourrait se révéler comme une vaste escroquerie. » Dans la soirée, le chiffre avait plus que doublé. D'ailleurs, les gendarmes demandent de ne plus les appeler mais de déposer directement plainte. Et surtout de ne pas donner suite aux appels.
Ces appels sont vraisemblablement lancés de l'étranger par des robots programmés pour rapporter le maximum d'argent dans les meilleurs délais.
Jean-Yves MANAC'H.
(1) Ce n'est pas le seul numéro.